BELGIAN CAMPAIGN FOR AN ACADEMIC AND CULTURAL BOYCOTT OF ISRAEL (BACBI)
 

 
 

BACBI: Op-Eds


À propos des « obsessions bien intentionnées »

Réponse à M.Geleyn (Knack.be, 4 octobre 2016): "D'où vient cette obsession de gens bien intentionnés de viser seulement Israël?"
Traduction par Jean Marie L.M. Flémal.


Monsieur Geleyn est vraiment très aimable, lorsqu'il reconnaît les « bonnes intentions » du mouvement de solidarité BDS. Sur le plan du fond, malheureusement, il ne va pas beaucoup plus loin que le cliché éculé « Pourquoi seulement Israël ? », combiné à un appel à peine masqué à mettre hors la loi ce mouvement démocratique.

En ce qui concerne le premier élément, je puis rassurer Monsieur Geleyn : Nous avons bien d'autres motifs de préoccupation aussi. Dans de nombreux États, dont Israël, par conséquent, on assiste à de graves violations des droits internationaux de l'homme. Sur le plan de la résistance morale, toutefois, il n'est pas question de « soit » l'un, « soit » l'autre, mais de « aussi » : La solidarité avec l'un n'exclut nullement la solidarité avec l'autre. Le fait qu'ailleurs aussi, des régimes commettent des crimes contre l'humanité – en Syrie contre sa propre population, au Soudan contre le Darfour, en Turquie contre les Kurdes, etc. – ne signifie en aucun cas que nous devrions cesser de réclamer justice pour les Palestiniens.

Que nous, Européens, devrions être préoccupés par l'oppression inhumaine exercée par Israël sur le peuple palestinien, nous apparaît comme une question de conscience morale et de sentiment de responsabilité. S'il est déjà question d'exception, elle concerne alors le statut d'exception qui, depuis près de 70 ans, est conféré à Israël par les États-Unis et l'Europe. D'une part, Israël jouit d'un statut privilégié exceptionnel sur le plan financier, économique, militaire, politique, etc. D'autre part, depuis des lustres et sans interruption, Israël se veut au-dessus des lois et peut impunément fouler aux pieds toutes les règles du droit international. Qui plus est, le fait que le régime peut tout se permettre – allant même jusqu'à offenser la main qui le nourrit – est encore apparu clairement d'ici peu : Une semaine à peine après un accord sans précédent avec les États-Unis et portant sur des milliards (38 milliards de dollars!), et ce, le jour même des funérailles de Peres, la construction d'une nouvelle colonie était annoncée au cœur même des Territoires palestiniens occupés, et sur des terres volées. Ici, il ne s'agit déjà plus de « bonnes intentions », mais uniquement de cynisme brutal. Les Américains ont réagi avec beaucoup de colère : « La Maison-Blanche bouillonnait de rage », a déclaré un haut fonctionnaire du gouvernement ; l'annonce allait à l'encontre des « engagements » d'Israël concernant l'accord précité. Je renvoie donc Monsieur Geleyn à l'article de Barak Ravid dans le quotidien israélien Haaretz du 5 octobre. Quant à l'intensification des activités illégales d'implantation – depuis le 1er septembre 2015, il s'agit d'une multiplication par quatre –, je renvoie à Judy Maltz, dans Haaretz du 6 octobre.

Le mouvement BDS est un mouvement de droits, pas un mouvement politique. Il n'est pas question pour lui de la destruction d'Israël, mais des droits de l'homme des Palestiniens : leur droit à l'autodétermination, à la liberté, à l'égalité, à la justice. Ces droits ont été reconnus par les institutions internationales et ils figurent noir sur blanc dans toute une série de conventions. Par ailleurs, l'occupation est condamnée par quasiment tous les pays, et par la Belgique aussi, notamment. L'espoir que la politique israélienne concernant la Palestine puisse encore être inversée depuis l'extérieur est hélas complètement illusoire. Depuis 1967, et également après les accords d'Oslo, la politique israélienne a toujours consisté à coloniser davantage encore, et cela va à l'encontre de la Quatrième Convention de Genève. Les articles de Haaretz prouvent une fois encore que la rhétorique de paix d'Israël n'a qu'un seul but : placer les Palestiniens et le monde entier devait des faits de plus en plus accomplis. La perspective d'un État palestinien viable est plus éloignée que jamais. Si l'on désire une juste cessation de l'occupation – ce qui serait également dans l'intérêt d'Israël en tant que société morale –, la chose ne sera possible que sous les pressions internationales. La campagne de boycott, en tant que stratégie démocratique, morale et non violente, entend y contribuer. Elle tire son inspiration du boycott international de jadis contre l'apartheid sud-africain.

Monsieur Geleyn ne parle absolument pas de la souffrance insupportable des Palestiniens (ils doivent se contenter de porter le fameux chapeau) mais, avec ses exemples de l'étranger, il invite toutefois – à mots couverts – les autorités belges à interdire à leur tour le mouvement BDS. Le fait que, de la sorte, il fait peser une menace sur la liberté d'expression ne lui fait manifestement ni chaud ni froid, comme en témoigne son attaque en dessous de la ceinture contre les signataires académiques de l'appel BACBI, « qui, dans nos universités, vivent de l'argent de nos contribuables ». Et si les universitaires ont précisément le devoir moral et intellectuel de prendre leurs responsabilités – et à l'égard du monde aussi –, la chose ne l'effleure absolument pas.

Le professeur émérite et docteur Herman De Ley,
au nom du Groupe de direction de BACBI.

Le texte de Mark Geleyn à l'adresse: http://www.knack.be/nieuws/belgie/vanwaar-toch-die-obsessie-van-goedbedoelende-mensen-om-zich-alleen-tegen-israel-te-richten/article-opinion-760493.html.


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